HISTOIRES D'HOMMES WWI et WWII -
Complété 68 RAA - le 15/12/2019 -
Ce sont des histoires ou parties d'histoires de personnes ayant participé aux conflits mondiaux, 1 ére et 2 éme Guerre Mondiale, qui m'ont été confiées, écrites ou contées par les participants ou leurs enfants . Il est évident que je rapporte ce qui m'a été dit par les conteurs, et qu'il peut y avoir des incohérences, des contre vérités, une part d'imaginaire ou de fantaisie. Je ne suis pas en mesure de vérifier l'ensemble des dires de ces personnes, mais parmi les centaines d'ouvrages que j'ai lus depuis une soixantaine d'années et les milliers que j'ai consultés, il n'est pas improbable d'y avoir trouver des rapprochements.
Pour les textes écrits rapportés ci-après, j'ai l’autorisation des auteurs ou de leurs descendants qui m'ont confié les documents pour publication. pour les oraux comme ils n'ont pas fait l'objet d'enregistrement, il ne sont que de mémorisation et peuvent supporter des altérations aussi bien du conteur que du rapporteur. J'essaierai néanmoins d'être le fidèle possible aux dires.
Alain Chaussade -
68 éme RÉGIMENT D'artillerie d'Afrique -
Je ne refais pas l'histoire du Régiment, seulement celle d'un de ces hommes comme des milliers d'autres, qui parti d'Afrique du Nord, a fait le débarquement de Provence et, est allé jusqu'au Nid D'Aigle d'Hitler. Une partie des photos sont celle de sont documents, d'autres sont en complément mais originales de la campagne de la 1ére Armée Française qui deviendra RHIN et Danube.
Pour la petite histoire, ce document avait été confié à un ancien du régiment, qui devait écrire un livre sur cette période, et il oubliait de la rendre. Après plusieurs années il fut enfin récupéré mais certaines photos avait disparues.
L'histoire commence ainsi, Notre Homme Joseph GONZALEZ, enfant de Pieds Noire d'origine Espagnole, d'une famille d’agriculteur, est élevé par sa mère avec ses sœurs dans la dure plaine de Sidi Bel Abbés, ou il a aussi une nombreuse famille. Jeune adolescent il fait partie des J.O.C. Jeunesse Ouvrière Chrétienne et fréquente aussi les légionnaires par qui il est impressionné par leur charisme. Il est ensuite incorporé aux chantiers de jeunesse; avant d'être mobilisé pour le service militaire.
Né en 1923 il est appelé à l'activité militaire en AFN le 28/01/43
Arrivée au corps et service comptant du dit jour -
Algérie du 28/01/1943 au 07/08/1944 - Embarque à Oran le 08/08/1944 - en Mer du 08/08/1944 au 16/08/1944 - débarque en France le 16/08/1944 - En France D A du 17/08/1944 au 17/04/1945. Passe la Frontiére Franco Allemande le 18/04/1945 Allemagne du 18/04/1945 au 08/05/1945 - Occupation en Allemagne 09/05/1945 au 01/02/1946 - passe la Frontière Germano-Française le 02/02/1946 - Démobilisé et rayé des contrôles de l'Armée d'active le 14/02/1946.
JOURNAL DE ROUTE - CAMPAGNE DE FRANCE -
GROUPE I/68 D'ARTILLERIE - 2 éme Pièce - LES DURS....( à cuir...)
Du 8 Août 1944, au 8 Mai 1945 FIN DE LA GUERRE 39/45
8 AOUT 1944:
Embarquement du matériel et du personnel . FERNAND VILLE. Dix minutes seulement avant le départ de FERNAND VILLE, KOFFMAN et FERNANDEZ rentrent au cantonnement( à 6 heures du matin) après avoir passé la nuit à ORAN. Tout le monde est présent à l'appel...
DU 8 au 10 AOUT :
Nous restons 2 jours sur le bateau dans le port même d'ORAN: Défense de descendre en ville ... Notre camarade Claude semble "jeter un coup d’œil" très souvent vers "la promenade de l'étang" - verra-t-il encore une dernière fois sa chère petite femme?? ... VITE, passez lui les jumelles ...
10 AOUT :
L'Heure H est arrivée. Nous quittons le terre d'AFRIQUE ... Adieu ALGERIE, non AU REVOIR et à BIENTOT ... - maintenant SANTA CRUZ se perd dans le lointain. Nous passons près des côtes d'Oranie, Alger, Tunisie, Sardaigne, Corse. Nous restons entre le ciel et l'eau pendant 5 jours 1/2 et nuits; la traversée a été bonne ( océan calme), pas de "mal de mer" -. Le moral est excellent; aussi le bon petit pinard et les liqueurs de LA-BAS n'étaient pas de trop peuchère ... Sur le bateau la nourriture est très variée : conserves, haricots sucrés, beurre salé, confiture, pâté salé, galettes, thé au lait etc...tout mélangé.. il est vrai que" les goût et les couleurs ne se discutent pas".. Mais l'estomac non habitué à ce mélange n'était pas toujours à son affaire...
15 AOUT 1944 :
Messe chantée sur le bateau. Le soir nous arrivons dans le golf de Ste Tropez ou nous passons la nuit en attendant le débarquement d'autres unités. Il est 11 heures environ ( du soir) - ALERTE ... de quoi, de quoi.. un avion ennemi qui survole le convoi? - Vite notre "chauffeur-mitrailleur" Emmanuel, un peu Zému .. tire avec la mitrailleuse de 50: plus de 100 mitrailleuses tirent en même temps - C'est un vrai feu d'artifice ... l'avion boche a compris sa douleur ; il n'est pas revenu ... note : le 68 RAA était équipé d’ halftrack américain WHITE équipé de 12,7 mm et d'obusiers M 7 Priest eux aussi armé de 12,7 mm.
16 AOUT :
Débarquement du matériel et du personnel, vers 8 heures du matin. Maintenant nos véhicules roulent sur le sol de FRANCE et prenne le chemin de la VICTOIRE. (Nous débarquons sur la plage de la Nartelle, magnifique paysage avec ses forêts et ses villas.)
DU 16 au 29 AOÜT 1944
Le groupe entre d'abord à Ste-Maxime; joli petit village. partout la population nous montre son immense joie d'être ENFIN libérés, et par des FRANCAIS. La joie est générale; - Nous distribuons vivres, cigarette et boite de lait pour les enfants. Tous les gens sont heureux de trouver une armée "bien organisée", et non une armée de" bandits" comme leur avait annoncé la propagande nazie. Nous continuons sans aucune difficulté l’itinéraire: Ste-Maxime - PLAN DE LA TOUR - La GARDE-FREINET ( accident d'automoteur de la 3 éme Bie ) - Les MAYONS - GONFARON -FLASSANS - CABASSE ( ou les FFI on fait du bon travail ) - CARCES- LE VAL - BRAS ( prés de St-Maximin) ... Quelques rafales de mitrailleuses ont arrêtés la colonne ... Ouf on a eu chaud, pendant 5 minutes ...
note : à GONFARON, un tir de barrage US visant à détruire la Kommandantur local, n'a pas atteint le bon immeuble ( de la famille de la future épouse de J.Gonzalez ) mais à bien détruit un bâtiment de l'autre coté de la place.
Partout la même joie, la population nous attendait et nous accueillait chaleureusement... La ROQUEBRUSSANNE - MEOUNES - LES MONTREUX - SIGNES - CUGES LES PINS -( col de l'Ange; 1 pièce ennemie résiste pendant 30 minutes ) - GEMENOS et ... et AUBAGNE, joli nom n'est ce pas? oui au Bagne ... Le matin réveil en fanfare: les obus nous tombent à quelques centaines de mètres, 100, 200, 300 m et nous siffle dans les oreilles .. Toujours en avant : CAMOUINS LES BAINS, Mr Romans nous prend en photo - Claude donne son adresse - LA VALENTINE - Mr Galland nous reçoit 2 jours chez lui. Ste MARGUERITE : Les bonnes soeurs nous font d'excellentes soupes durant 3 jours le menu est amélioré. FERNANDEZ lui garde de bons souvenirs, soyons discrets ..
Le groupe a tiré sans arrêt sur les positions ennemies qui sont très fortement défendues dans MARSEILLE.
Colonel ROUSSEL - mort le 24 Août - commandant de l'artillerie d'Afrique a été tué par un sniper allemand depuis une fenêtre, à Marseille, une quête a été faite pour lui ériger une stéle .
Nous somme vainqueurs; les allemands se rendent. MARSEILLE est pris, TOULON sera pris par la suite par d'autres unités Française.
29 AOUT 1944 - Nous défilons à MARSEILLE - Les troupes Françaises sont à l'Honneur. Partout les civils nous acclament et nous offrent VIN, FRUITS ou FLEURS. La journée se termine par l'itinéraire suivant : LUYNES - AIX EN PROVENCE - CANNAT - SALON.
note - voir le livre La CHEVAUCHÉE DE L’ARMÉE DE LATTRE - page 57 - on y voit les M 7 Priest de 68 RAA - versé dans 1 des 3 le combat commande de la division ils ont les étoiles américaines peintes en blanc bien évidence et aussi le marquage Français à l’arrière - le combat command de J.G. est le 1er ou est affecté le 1/68 RAA. il défilent dans la ville de Marseille - voir aussi page 75 .
photo à 5 portraits, en haut à gauche Joseph GONZALEZ dessous à gauche François HERNANDEZ au centre : PATERNA - J.GONZALES - Manuel FERNANDEZ en haut à droite François LOPEZ en bas à droite Manuel FERNANDEZ ( chauffeur )
Maison de la famille VAILHE à Gonfaron( en 1944)
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Photos privées - Alain Chaussade -la couverture original du document - J.Gonzales photo du haut à gauche et au centre
30 AOUT 1944 -
AVIGNON : jolie ville, ou les supports-jupes ne sont pas à la mode. Tout le monde fait du vélo ... même les grand-mères. Nous sommes arrêtés un bon moment à AVIGNON; le passage sur un pont construit par le Génie nous retarde ( le pont sur le Rhône a été démoli) Puis nous passons "sur le pont d'Avignon". Le paysage est magnifique.
BAGNOLS - SAINT NAZAIRE: Sur la route Nationale, 200 (deux cents) véhicules, au moins, sont mitraillés ou incendiés par l'aviation Française
note, il s'agit de véhicules allemands bien sûr, on voit dans le livre LA CHEVAUCHÉE DE L’ARMÉE DE LATTRE
1 er Septembre 1944
St-MARTIN D'ARDECHE : nous passons sur l'Ardèche sous le pont qui n'est pas bien solide, nos véhicules roulent dans l'eau, (.50m) nous roulons toujours à bonne allure; le boche se replie sans cesse. St JUST - Bourg St ANDEOL - La CONCHE - ST MONTANT - VIVIERS: prés de Montélimar où l'aviation alliée à démoli pas mal de chars allemands BENALI vient de voir une charmante petite negresse: il en est tout heureux ... Encore un pont de sauté ( et ce n'est pas le dernier)...... La violette - FAYOL ... Le TEIL ... ROCHEMAURE ... MEYSSE ... BRUNE ... POUZIN : Petite ville complétement détruite par les bombardements américains, tout est seul, triste - LA VOULTE .. Nous sommes toujours près du RHONE, BEAUCHASTEL .. où nous passons la nuit.
2 Septembre : CHARMES - SOYONS -(Soyez ) Nous passons près de VALENCE à environ 3 ou 4 km à gauche. Depuis le départ de FERNAND VILLE la voiture a roulé prés de 530 km. ( Ce qui n'est déjà pas mal). GUILHERAND ( Pont démoli à l'entrée de la ville ) CORNAS - MAUVE -CHATEAUBOURG - Tout le long de la route, une colonne allemande mitraillée par l'aviation a laissé une centaine de chevaux brûlés ou tués, et quelques boches sont enterrés au bord de la route ..... TOURNON - St JEURE DAY - où nous bivouquons
3 Septembre : l'itinéraire continue par : QUINTENAS _ ANNONAY ( Jolie petite ville ) BOULIEU - St MARCEL - PLANFOY - et , et Saint ETIENNE : des milliers de personnes sont venues nous saluer. La joie est à son comble, partout les mains s'agitent, et l'on crie à pleins poumons, VIVE LA FRANCE, VIVE DE GAULE, VIVE L’ARMÉE ... et Merci, Merci Les LIBERATEURS ... Hélas, trois fois hélas, nous ne restons pas à ST-ETIENNE. Nous passons la nuit à 5 ou 6 km de là.
4 Septembre : CHAZELLES - TARARE - LAFAY - La GIRAUDIERE - La BREVENNE - La ROCHETTE - St BEL - ARBRESLE - LOZANNE ( Nous déjeunons à l'hôtel du pont du Dorieux ..avec les patrons de la maison. - CHASAY .. ( Photo) devant le half-track, de gauche à droite :
1 Adjudant LAFONT - 2 Joseph GONZALES - 3 inconnu - 4 inconnu -5 accroupi - LA CROIX VIVA, Corse du PC de commandement , au calcul des tirs - 6 debout - BEN ALI , Marocain - 7 inconnu -
5 Septembre : LUCENAY - ANSE - ( 1 Half-track français est brûlé au centre du village) Le clocher de l'église a été démoli par un bombardement; dedans des prisonniers boche font le nettoyage... Nous continuons toujours à bonne allure VILLEFRANCHE - St GEORGES - BELLEVILLE - St JEAN - FONTENAVEAUX - La Chapelle de QUINCHAY ( Crèche) VARENNE .. et JUGY : De charmantes bourguignonnes bavardent avec les soldats; l'accent est chantant les r ... rrrroules ... Nous bivouaquons à JUGY même .
6 Septembre : Nous quittons JUGY pour aller à CHALON
7 et 8 Septembre : DEMIGNY - BEAUNE _
9 Septembre : BEAUNE. Bras dessus , bras dessous, les beaunoises se promènent avec le "Libérateurs" - Pas mal de militaires gardent las-bas d'excellents souvenirs .
10 Septembre 1944 :
L'itinéraire se continue par COMLANCHIEN ( qui est tout brûlé, ces salauds de boches ne changent pas de tactiques, ils brûlent tout ce qui reste derrière eux : fermes, maisons, dépôts de munitions, stocks d'essence etc... leurs actes de barbarie sont toujours les mêmes : vols de chevaux, de vélos, pillage, et partout des otages fusillés... Mais la France se vengera...
note : étonnant ces mots de la part de Joseph Gonzalez, chrétien convaincu et pratiquant, pour l' œcuménisme, pour la paix en général, pour qu'il écrive ça c'est que ce devait être terrible à ces yeux. Ils arrivent d'Afrique du Nord, lui et la plupart des gars de son régiment, ils n'ont pas connu 39/40, ni l'occupation et cortèges de souffrances. Il me l'a confié plus tard, ils arrivaient en France, mais c'était l'étranger pour eux, un nouveau pays, une géographie inconnue, imaginé Sidi Bel Abbés, la sécheresse, le sable et le désert à la porte. Pour eux ils arrivaient dans un pays de Cocagne, des routes, des bâtiments insoupçonnés pour eux, et voir tout ça démoli, et en plus les gens se tuer depuis 4 ans, c'était un choc intellectuel et psychologique important.
Nous continuons : St GEORGES - VOSNE ROMANEE - et, et, et VOUGEOT, dés notre arrivée à VOUGEOT, le garde champêtre , battant tambour ... annonce à la population qu'un " grand bal " fêtera l'arrivée des troupes françaises... VOUGEOT - VOUGEOT . . . Notre ami Emmanuel en garde de bons souvenirs - VITE Passez lui une brosse pour nettoyer ses effets qui ont pas mal de fil de tissu bleu ( je dis bleu ) il en a même sur les cheveux ? - ? A la lumière de quelques lampes de poche, nous dansons. Les vougeotines sont loin de savoir ce que c'est que le SWING ... Elles savent tout de même remuer les pieds ( Et vas y que je te pousse.
Nous sommes prés de DIJON, le compteur marque 912 km.
11 Septembre 1944 : DIJON " Ville de la moutarde et du pain d'épices, et .... du cassis" ( Que le allemands ont pris ) Des milliers de personnes sont venues nous saluer. Des jeunes dijonnaises profitent d'un arrêt de la colonne en pleine ville pour nous embrasser fortement. L'itinéraire se continue par NORGES - GEMEAUX, Bivouac à GEMEAUX, et Bal ( pour continuer)
12 Septembre 1944 : Nous quittons GRMEAUX vers 17 heures pour passer à TILCHATEL - ORVILLE . A une dizaine de km de la se termine le département de la Cote d'Or. Nous sommes maintenant en Haute Marne .. VAUX SOUS AUBIGNY - PRAUTHOY - St MICHEL- LONGEAU - ( Bivouac à LONGEAU) et pour ne pas changer bal à LONGEAU.
13 Septembre 1944 : Nous avançons de 5 km environ seulement, car LANGRES est toujours occupé par les Allemands. Défilé à DIJON : GONZALES y est désigné.
14 Septembre 1944 : Nous traversons LANGRES, bâtie sur une colline, avec ses fortifications et sa citadelle - CORLEE - BASLESME - St MAURICE - ORBIGNY, bivouac à ORBIGNY Au Mont.
15 septembre 1944 : L'itinéraire se continue par : TROISCHAMP ( au moins 3 ) - HORTES - ABIGNY - BIZE - ANROSEY -PISSELOUP ( très discret ) la s'arrête le département de la Haute Marne. Nous passons maintenant en Haute Saône, pour traverser BETON COURT ( ho! pardon en seul mot) - VERNOY - BARGES - BLONDEFONTAINE et RAINCOURT. Nous bivouaquons dans le château des dames de RAINCOURT Bal à RAICOURT, JUSSEY et BLONDEFONTAINE.
19 Septembre 1944 : Départ de RAICOURT à 14 heures ... Nous passons à JUSSEY - GESINCOURT - ABONCOURT - PORT SUR SAONE - CHARMOLIE - PUGEY - VESOUL - FROTEY les Vesouls - et BOUHANS. 19, 20 et 21 Septembre 1944 Bivouac à BOUHANS.
Nous sommes prés de LURE - Le compteur marque 1100 km
22 Septembre 1944 : Première nouvelle ce matin " l'Half-track du commandant saute sur une mine . .. Heureusement il n'y a ni tué ni blessé " Si Grégoire avait su cela, il n'aurait surement pas dormi de toute la nuit " Qu'en pensez vous ? Nous quittons BOUHANS vers 9 heures pour suivre l'itinéraire BOUHANS - LURE. Hier nos canons ont beaucoup tirés cette nuit et des avions ont patrouillé. on dit que la vraie "guerre" va commencer .. tant pis, à la guerre comme à la guerre ... on verra bien! Nous continuons par St GERMAIN où nous bivouaquons. Les canons tirent sans arrêts. Les 3 C.C. sont groupés ( les 3 combats Commande de la Division)Quelques obus allemands viennent tomber près de nous.. Boria.. en moins de temps qu'il ne faut pour le dire tout le monde a pris son casque. ( Nous nous étions à table, comme entrée ce n'est pas mal) Mais ce n'est pas pour cela que notre appétit en a souffert. En fin de journée, Emmanuel se blesse à la main droite avec le volet de sa voiture: il souffre beaucoup - Aie, ouf, Aie ... hurle -t-il, "de ma vie j'ai tant souffert .. Je préfère la mort cela .. je me tue !"
23/24 Septembre : R.A.S., ou plutôt si : Emmanuel s'apprend à manger de la main gauche
25 Septembre 1944 : Vers 18 heures nous quittons St Germain, pour faire 7 à 8 kms. toute la nuit la colonne a été arrêtée en pleine route .. Impossible de dormir dans la voiture -
note: quand Joseph Gonzalez parle de voiture, il parle du Half track dans lequel il a un poste de secrétaire pour le 1/C du 68 éme R.A.A.
26 septembre 1944 : Nous traversons FAUCOGNEX et arrivons à CORRAVILLERS où nous bivouaquons tout prés de l'église.CORRAVILLERS - Midi - Nous mangeons en face de l'église. Quelques poulets viennent picorer autour de nous... Le plus téméraire sans doute d'entre eux s'avance jusqu'à nous et donne de bons coups de bec sur un morceau de Gruyère.. Hop une main tombe brusquement sur lio.. en cinq cinq il est camouflé dans un coin de l'half-track et, ..le coup tordu ! on a rien vu!
28 Septembre 1944 : 16 heures Nous quittons CORRAVILLERS avec un 2 éme poulet offert à Joseph par un civil. Dans l'ensemble une bonne journée quoi !! Nous bivouaquons à 5 ou 6 kms de la, dans une petite caserne ou se trouvait avant " les chantiers de Jeunesse" Dés notre arrivée nous attachons à une fenêtre le poulet ( bien entendu le vivant, car l'autre chantait déjà dans la cocotte ) - Le lendemain matin, à notre réveil, le poulet avait disparu, pas de trace de toute la journée, ( c'était de faute à Joseph). Le soir seulement, heureux hasard, le commandant qui allait uriner dans la nature, nous appelle pour attraper " une poule rouge". Cette poule rouge, c'était bien la notre. La tête arrachée par Joseph, fut le début des préparatifs pour un bon rôti. Cette fois-la, elle n'a pas pu se sauver.
29 septembre 1944 : Nous sommes toujours au même endroit. Notre Piper Club est descendu par les boches. Pas de perte d'hommes.
30 septembre - 1er octobre - 2 octobre - R.A.S. - Mais les canons, sans arrêt, pilonnent les positions ennemies, à noter quelques arrivées dans le lointain. Nous sommes toujours dans la même petite caserne aux environs de CORRAVILLERS.
7 Octobre 1944 : Départ à 8 heures pour bivouaquer dans un petit bois près d'un lac. Pour la première fois depuis le débarquement nous montons nos tentes. Ce petit bois nommé " Bois le Prince" n'est pas loin du château LAMBERT où les boches résistent farouchement nuits et jours plusieurs canons pilonnent sans arrêt le fort de Château LAMBERT et les crêtes occupées par les boches.
13 Octobre 1944 : Départ du bois à 6 heures du matin pour suivre l'itinéraire suivant, nous revenons vers la petite caserne et continuons sur RUPT - MAXOMCHAMP - VECOUX - LA POIRIE - DOMMARTIN - FRANDOUE - SYNDICAT St AME - ZAINVILLER - et le GRAVIERS où nous bivouaquons. Ce petit patelin a eu des dégâts notamment la maison ou nous sommes installés. Le propriétaire surtout n'a pas l'air d'être aimable ni la plupart d'autres gens.. ce n'est plus l'accueil du midi ... de St ETIENNE BEAUNE et DIJON. Joseph achète des pommes de terre à 3 frs 50 le kilo., prix exagérè pour cette région. .. C'est le marché noir hurle M.CAMY ... Mais, Mais ... le soir un lapin, ( à qui on joue le coup du père François) On , c'est personne ! vient améliorer notre ordinaire du lendemain.
14 Octobre : Vers 18 heures quelques voitures de l'EM ( État Major) dont la notre, font mouvement vers SAULXURES s/Moselotte. Bivouac dans une belle petite maison assez retirée du village, mais pas assez retirée des obus boches qui viennent de temps en temps changer" notre atmosphère" En effet vers 15h 30, quatre obus tombent près de nous; il y a 4 infirmiers blessés et un enfant. Le matin, 3 avions ennemis survolaient le ciel. Claude a tiré en même temps que le DCA et plusieurs mitrailleuses de 12,7 mm. Malheureusement les avions allemands n'ont pas eu de dégâts..
Jusqu'au 22 octobre les boches tireront sans cesse sur le carrefour de SAULXURES et aux environs du P.C. ou se sont installés des batteries de DCA et de 105 . ( automoteur Priest M 7 )
<nota -béné : le 16 Octobre, alors que claude lisait tranquillement les lettres qu'il venait de recevoir, 2 coups sont tombés à une cinquantaine de mètres de lui. D'un bond, il se précipite sur l'half-track pour prendre son casque.. Emmanuel et Joseph qui cherchait eux aussi à se mettre à l'abri, trouvèrent BENALI debout contre le mur, devinez ou ? .. au POULAILLER .. (sic) La bonne petite vielle de la maison, "La Fouine" comme l'appelle CLAUDE, lève les bras au ciel et se dépêche à rentrer chez elle.
19 Octobre : 2 obus tombent sur le carrefour; il y a 4 blessés civils alors qu'ils passaient à ce moment en auto sur la route.
20 Octobre : Une maison prend feu à cause d'un obus. JOSEPH part 4 jours pour travailler au bureau et fait plusieurs fois en jeep l'itinéraire LES GRAVIERS - SAULXURES. Il retrouvera à GRAVIERS ses 2 camarades François réunis chez une brave famille jociste.
22 Octobre : MINUIT : Les boches tirant toujours sur le carrefour, nous nous déplaçons la nuit ... Une bonne nouvelle se confirme . Nous allons au REPOS quelques jours; d(autres régiment sont venus nous remplacer. Étape de nuit - ce qui veut dire "nuit blanche" Le matin nous nous retrouvons à ADELANS, près de BOUHANS les LURE que nous avions quitté le 22 septembre, pour poursuivre notre montée vers l'EST. Nous sommes chez M.et Mme. OLIVIER qui sont bien chics. Ils nous demandent de leur envoyer de nos nouvelles de temps en temps. Avec eux nous mangeons à table. Les tartes sont à l(honneur...
26 Octobre : 8 heures: Départ pour CHAUX - VALLEROY et VILLERS, par l'itinéraire suivant : CITER Gare - LUXEUIL LES BAINS avec son faubourg St SAUVEUR, ou nous passons près d'un grand champ d'aviation complètement détruit par les bombes. ( Aérodrome de Luxeuil ) En ce moment les Alliés l'occupent. Quelques avions français qui ont reçu des éclats sont en réparation. Nous continuons par BAUDONCOURT ( nous passons sur 1 grand pont construit par le Génie) - VISONCOURT - MEURCOURT - VILLEDIEU s/ Fontenette - EQUEVILLEY et VILLERS ( Bivouac à l'E.M. de la 3 éme Bie) Les autres Bies sont à CHAUX et VALEROIS. A VILLERS nous sommes logés chez M. MEUDRE, adjoint au Maire. Nous gouttons la concoyotte ... miettes de fromage sentant fort et cuit avec du beurre ... "ça" nous laissent indifférent aux quatre. . ( Note : évidemment du beurre, de la concoyotte, il faut bien imaginer que pour ces Français mais néanmoins Africains du nord, c'est surprenant, ils auraient pu apprécier, mais ce ne fut pas le cas ) .Nous préférons par contre les tartes et les pommes cuites. La famille MEUDRE Henri nous demande de leur écrire ... et c'est Joseph qui est désigné pour le faire... ( l'a-t-il fait ? ) .. Nous assistons à la naissance d'un veau.
29 Octobre : 2 heures du matin - Depuis 3 jours, nous comptions tous partir dans la région SUD - OUEST de la FRANCE pour combattre les boche qui résistent avec succès au F.F.I. - La 1ére D.B. est désignée pour aller déloger nos ennemis qui sont au nombre de 70 000. Tout le monde est content de prendre cette direction, qui paraît beaucoup plus intéressante que celle du NORD-EST. Joseph pense revoir son oncle ( ancien prisonnier de guerre) qui est à BORDEAUX. Le transport par route et par chemin de fer était tout préparé, on attendait plus que l'ordre de partir .. l'essence était distribuée aux véhicules à roues ... les vivres distribués ... MAIS, MAIS, vers 2 heures du matin, voila le contre ordre qui arrive. Tout est changé. Nous devons rejoindre l'ancien cantonnement de GRAVIERS-SAULXURE. La déception est générale.. Tant pis à la guerre comme à la guerre.. et il faut faire VITE .. Nous allons dans les VOSGES, pour appuyer une de nos grandes attaques contre les boche dont les batteries paraît il sont réduites au silence.
9 heures : en une étape nous revenons sur nos pas par : PORTs/ SAONE - RUZ de VELLEMOZ - VESOUL - COMBERJON - SAULX DE VESOUL - BAUDONCOURT - LUXEUIL ST SAUVEUR - FOUGEROLLES - LARRIERE - VAL d'AJOL - FAYMONT - REMIREMONT - THIEFOSS et LES GRAVIERS à notre ancienP.C. VESOUL ; Beau petit patelin avec sa chapelle sur une crête qui le domine et son long pont ou beaucoup de routes importantes viennent se rassembler. VAL d'AJOL : Aujourd'hui la journée est splendide, le ciel est bleu. Magnifique paysage avec de beaux petite chalets et des villas. Belles forêts : feuille de toutes les couleurs. LES GRAVIERS : Le père CAMILLE n'a pas toujours l'air sympathique. GONZALEZ retrouve ses camarades et 2 jeunes filles qu'il connait. Nous restons AUX GRAVIERS jusqu'au 2 Novembre où les canons de 155 long ( sans doute les Long Tom américains ) nous pètent drôlement dans les oreilles et font sauter à chaque coup les tuiles des vieilles toitures " ( ses dires) On disaient toujours ils ne sont pas très loin " ouvrez la bouche sinon ils nous pèterons les tympans " Ils sont restés que quelques jours - ( note : il ne sait pas l'unité de 155 qui était en place, car chaque groupe restait sur ces positions et n'avait pas de relation entre eux ) -
31 Octobre : le trio "Claude- Emmanuel -Joseph " visite une usine de filature en compagnie du directeur qui nous explique son fonctionnement. Cette a été presque complètement démolie lorsque les allemands on fait sauter le pont qui se trouve à proximité. Tous les carreaux sont brisés, les dégâts sont nombreux, beaucoup de "métiers" sont rouillés par l'humidité ou la pluie. 5 ou 6 civils commencent le nettoyage de grand et beau bâtiment si triste maintenant. C'est la guerre ... le mauvais temps commence .. il pleut ..
1 er Novembre : Fête de la TOUSSAINT : Messe
2 Novembre : Messe pour le repos de nos morts. A 14 heures, départ DES GRAVIERS pour cantonner à PUBAS à 5 ou 6 kms de la en passant par THIEFOSSE et près de VAGNEY
5 Novembre 1944 : PUBAS 8 heures - Attaque générale : Toute la journée l'artillerie tire sans arrête devant la progression de notre infanterie. L'attaque a très bien réussi. Tous les points prévus sont pris et même dépassés par nos troupes; ROCHESSON prés de GERARMER est pris. VIVEMENT que tout réussissent pense tout le monde, pour pouvoir prendre la direction d'ANGOULEME ou de LA ROCHELLE.
note - A ce moment la, Joseph et ses camarades de combat, pensent qu'ils vont descendre dans le sud ouest, pour combattre les 2 poches de l'Atlantique de Royan et de Rochefort La Rochelle. Mais ce ne fut pas une priorité du Gouvernement Français - CHARLES DE GAULLE - qui préféra laisser pourrir la situation et laisser au FFI et autres résistants le blocage de ces poches avec et sous le commandement du Général de LARMINAT comme chef des opérations, jusqu’à leur reddition)
Durant l'attaque nos soldats n'ont presque pas trouvé de résistance ennemie. Notre infanterie est obligée de lancer des grenades pour déloger les boches qui se sont enterrés dans leurs tranchées, pour ce protéger des milliers d'obus qui tombaient sur eux. C'est une grande victoire qui se continuera demain et après demain, l'attaque est prévue pour 5 jours.
Sur un carré de 1 km de profondeur et de 600 m de coté occupé par plusieurs poste allemands, l'Artillerie française, comprenant 9 groupes tire en dix minute ( 7 h 50 à 8 h) 4 000 coups de canons d'abord, puis s'arrête 2 minutes " pour permettre aux boches de sortir de leur trou"et ensuite tire encore 1 000 coups. 5 000 en un quart d'heure .. ce n'est déjà pas mal ... Les boches ont compris leur douleur.
A 21 heures : Changements de décors; Emmanuel prend "une cuite".., Marmano MIRANDA dit que c'est de la faute de Joseph car il aurait du empêcher Emmanuel de partir "en CCI". Attendez tout n'est pas fini .. Un peu plus tard, voila Emmanuel qui pleure à chaude larmes .. le pooovre.. demain il aura "la gueule de bois" et puis toute la journée il aura mal à l'estomac.... De plus il ne boira plus ni vin ni gnôle pendant un bon moment ... C'est la guerre ... Ah assez parlé de notre chauffeur, passons maintenant" aux choses sérieuses "
5 Novembre : PUBAS à 8 heures : L'attaque reprend: Nos canons au nombre de 300 environ crachent sans arrêt contre les boches. L'attaque se continuera demain toute la journée. Le 1/68 appui le Légion
Artillerie : 1/68 - 2/68 - 3/68 - 1/64 - 111/67 - 1 groupe du 62 - l'artillerie lourde et 2 autres groupes; Infanterie : Légion - 4é RTT - 7é RTA - Tabore.
Des femmes venant des lignes ennemies et des prisonniers allemands nous donnent de bon renseignements sur les positions ennemies. A 22 heures un coup de téléphone nous donne les emplacements de deux P.C. allemands. Notre Commandant demande et obtient l'autorisation de tirer sur chacun de ces 2 P.C., 100 coups, rien que pour "leur casser la gueule". Durant ces 5 jours, il a été tiré dans ce secteur plus de 50 000 coups. Les boches ont très peu d'artillerie.
6 Novembre : Il pleut toujours, et toujours les canons tirent sans arrêt. "Remaniement Ministériel 3 Claude est affecté à la 3 éme pièce où il remplace BOYER Maurice qui vient de la 2 éme pièce. Malgré cette séparation, le "trio" jusqu'ici inséparable, rester ensemble et continuera à vivre " sa petite vie". BOYER trouve un beau chien"berger allemand" et le garde. Nous lui donnerons le nom de PRUNEAU, indicatif téléphonique de notre groupe.
7 Novembre : PUBAS 20 heures. Il pleut .... le froid et la pluie gènent les opérations militaires ... le temps n'est pas favorable pour notre avance ... les canons tirent toujours .. il pleut et c'est la guerre .. On vient de signaler que les boches contre-attaquent et reprennent la cote 1050. Çà va chauffer...
8 Novembre : La MISSION du groupe se termine ce matin à 7 heures. Jusqu'à la dernière minutes les batteries doivent tirer.Nous retournons au repos, et allons à VILLERS s/Port que nous avons quitté le 29 Octobre, pour aller aux GRAVIERS.La colonne suit l'itinéraire : PUBAS - VAGNEY - REMIREMONT ( jolie petite ville) avec son faubourg St Etienne - PLOMBIERES - AILLEVILLERS ( Joseph rencontre un ami de la 5 éme D.B.)- St LOUP - CONFLANS - BREUREY les FAVERNAY - VILLEDIEU de FONTENETTE - EQUEVILLEY et VILLERS ...Partout les champs sont inondés ... dans 2 endroits sur la route principale les véhicules roulent dans une hauteur de 50 cm d'eau ; des camions se sont enfoncés jusqu'aux marchepieds. Des piper-cub sont à moitié dans l'eau et ont triste mine. Des guitounes américaines ne montrent plus que leur "tête".
Et VOICI VILLERS ...Nous trouvons monsieur MEUDRE et sa famille.Nous sommes heureux de nous revoir. Joseph est noir de poussière et de boue .... BENALI, lui est gris. Là nous passons de bonnes petites veillées. Les pommes et poires sont toujours aussi bonnes et Joseph en est gourmand. Claude en fait autant... Le CHEF préfère les poires non cuites. Pour les noix, tout le monde en mange. GILBERT, le fils de M.MEUDRE nous joue quelques morceaux de musique avec son accordéon.
9 Novembre : Il tombe une pluie fine ... Vers 14 heures, de gros flocons blancs viennent couvrir les toits, mais pas pour longtemps, car la neige fond.
11 NOVEMBRE : Fête de l'Armistice. Messe chantée à 10 h 30 à l'église de VILLERS. Ensuite défilé, Appel des morts et "Sonnerie aux Morts" devant le petit monument de VILLERS. La cérémonie est très simple mais profones.
12 Novembre : Il neige
photos privées - Alain Chaussade - BENALI -sherman défilé à Dijon ? - BEN ALI - FERNANDEZ - Joseph GONZALES- 2 éme à Damien MARTINEZ - Damien M. avec sherman 25/02/45
Dimanche à VILLERS en repos - Nous sommes la depuis le 8 et comme c'est dimanche il faut s'attendre a être " emm... " . En EFFET, vers 16 heures l'ordre arrive de se déplacer et il faut partir de suite. Nous devons être de passage à CHARMOILLE à 18 heures, à une dizaine de kilomètres de la. Nous démarrons à 17 heures après avoir remercié M. MEUDRE et sa famille et prenons l'itinéraire suivant ( étape de nuit ) VILLERS, CHARMOILLE, ESPRELS ... à 7 heures du matin nous voilà arrêté sur la route au milieu d'un grand bois. Il neige, tout est couvert, les sapins sont blancs; les décors sont magnifiques certes, mais les pieds et les mains sont gelés. Nous cantonnons tout près de là, à VELLECHEVREUX ( 30 kms environ Est de BELFORT). Nous avons changé de secteur et sommes venus aider le 63 éme d'Artillerie qui appuie de grandes attaques. GONZALES retrouve un copain de classe. VELLECHEVREUX; nous sommes cantonnés dans une ferme à proximité du village. Notre pièce est logée dans une bonne petite chambre. dessous, dans la cave se trouve la 3 éme pièce qui chahute avec 2 jeunes filles de la maison et surtout avec "Hou,Hou .." Pendant 2 jours notre voiture se place dans la nature à 4 où 5 kms pour faciliter l'écoute radio.
14 Novembre : Toujours à VILLECHEVREUX. L'heure H est arrivée. Des milliers d'obus partent de nos canons avec des consignes bien précises: "TOUT CONTRE LE BOCHE " - L'attaque réussit. Les troupes françaises se sont emparées de plusieurs points important qui serviront plus tard de base pour une attaque générale lancée par les Français dans le territoire de BELFORT et par les Américains à METZ. On apprend que le cuirassé TIRPITZ vient d'être coulé par l'aviation Alliée, aux cotes de NORVEGE.
15 Novembre : Un général allemand est trouvé mort, abandonné sur le terrain et porteur d'important documents qui vont servir au commandement français. Ces documents nous renseignent sur les moyens de défense allemands entre BELFORT et la SUISSE jusqu'à MULHOUSE. Ce qui va permettre aux troupes française une rapide avance en ALSACE.
note - BELFORT était pour les Allemands un point de communication téléphonique de première importance, ils avaient installé un réseau de communications, radio - téléphone impressionnant, j'ai pu voir cette installation en 1972, qui certes n'était plus en état de fonctionner mais encore complétement présente, et qui a servi un temps à l'armée française. Elle se trouve dans la citadelle, dans la partie qui était à l'époque aussi un musée.
16 Novembre : L'offensive générale est lancée par la 5 éme DB et quelques éléments de la 1 ére DB venus en renfort. Tout le matériel roule vers BELFORT .. Aujourd'hui la radio annonce que les troupes françaises ont libéré une dizaine de villages. La 1 ére Armée Française a avancé de 6 à 8 kms sur un front de 40 kms.
18 Novembre : Notre victoire continue. HERICOURT et MONTBELLIARD son pris avec une vingtaine d'autres villages. Les Français ne sont plus qu'à 9 kms de BELFORT.
VILLECHEVREUX - 18 Novembre :
Vers 14 heures nous partons de là et prenons l’itinéraire : GEMONVAL, CORCELLES, SAULNOT. Ces trois villages sont complétement détruits. Dans ce dernier des civils font le nettoyage d'un grand bâtiment qui a reçu 6 obus de 155 ou de 203. Il y a eu 18 personnes enterrées vivantes. 14 cadavres viennent d'être déterrés. Il en reste encore 4. C'est bien triste. Un silence de mort et de tristesse plane dans tous ces pauvres petits pays. C'EST LA GUERRE .... Nous cantonnons dans deux fermes à 2 kms de SAULNOT. La radio annonce que les Français entrent en ALSACE. METZ est pris. ( Notre chien PRUNEAU est parti)
19 Novembre : Nous avançons toujours ver CHAMPET - COUTHENANS - LUZE et CHAGEY où nous resterons quelques heures. La nous sommes bien reçus par les gens. Nous trouvons des cadavres de boches qui, sont encore dans leur tranchée. Ces ennemis au lieu de se rendre prisonniers aux troupes françaises ont préféré la mort. Vers 20 heures nous quittons CHAGEY; toute le nuit nous roulons ignorant tous, la direction qu'il fallait prendre. A 7 heures du matin nous étions à 3 ou 4 kms de la frontière SUISSE. Nous avons contourné BELFORT par l'itinéraire suivant : CHAGEY - LUZE - VAUDONCOURT, BEAUCOURT, FESCHES - L'EGLISE DE DELLE ( Jolie petite ville près de la frontière SUISSE )
20 Novembre : Nous continuons par FLORIMONT ( petit village ou est née la grand mère de CLAUDE ) CORTHELEVANT -
ET NOUS VOICI EN ALSACE -
Nous avançons rapidement par SEPPOIS - BISEL - FELDBACH - RIESPASH - Arrêt quelques heures. Nous sommes cantonnés chez une gentille famille alsacienne qui parle plu où moins bien le français, plutôt mal. Les jeunes et les vieux ne connaissent pas notre langue.Nous continuons par WALDIGOFEN ( ou habite l'oncle du CHEF NOEL) - STEIN - SULZ - HUNSDBACH.La aussi nous sommes bien reçus chez GERMAINE et YVONNE.L'itinéraire continue par HAUSGANEM - SCWOBEN - TAGSDORF - EMLINGEN - ou nous restons 3 jours.
Toujours bien reçus. Les gens chez qui nous sommes cantonnés nous offrent un magnifique drapeau.
26 Novembre : Départ d'EMLINGEN pour MULHOUSE où nous restons jusqu'au 30 pour ensuite aller à RIEDISHEIM où nous sommes très bien accueillis. Nous prenons plusieurs photos. Nous passons d'agréable soirée avec des Mlles MARGUERITE ET MARIANNE. EMMANUEL et JOSEPH se baladent le dimanche après midi dans MULHOUSE et rentrent très tard .... ils s'étaient perdus ! ?
2 Décembre : CLAUDE et MIRANDA on un petit accident. Un GMC est " monté" sur leu jeep.
3 Décembre : Le Chef de pièce nous apporte du bon vin de chez son oncle de WALDIGOFEN. ( chef NOEL)
5 Décembre : Le groupe se déplace de RIEDISHEIM pour cantonner à HOSCHSTATT.
Il pleut beaucoup. Mais il fait moins froid que dans les Vosges. Partout la population nous reçoit bien.
14 Décembre: HOSCHSTATT, La colonne démarre pour aller cantonner au Pont d'ASPACH à une quinzaine de kms de là. La 2 éme pièce occupe deux petites chambres, pardon au 1er étage .. Nous sommes bien au chaud.
20 dècembre: Le moral de la pièce est excellent: la santé est bonne, les troupes sont fraiche... TOUT VA BIEN, sauf les Aaaaarrivages boche qui nous réveillent tous les matins vers 5 heures du matin . Vers 11 heures du soir, voila que le quatuor qui ne s'arrêtait pas de chanter, compose, tout à coup, une belle petite chanson.
"Les QUATRE DE LA 2 "
Que fait pendant ce temps la 3 éme pièce et notre camarade CLAUDE? Que va-t - il nous raconter de sa petite connaissance FFI ?
- C'est un lieutenant, ma chère, très aimable d'ailleurs.. Elle se fait de suite copine avec la 3 éme pièce qui, un soir, fait la "bringue" jusqu'à 2 heures du matin.
Emmanuel rencontre un copain de RIO ...
TOUJOURS AU PONT D'ASPACH :
Des cartes de JOYEUX NOËL de la 1ére D.B. sont distribuées à tout le groupe. Le vaguemestre aura surement du boulot pour envoyer quelques 5 000 cartes.
22 Décembre : La pièce veut à tout prix, passer une bonne veillée de NOËL. Tout est possible si l'on veut ... Emmanuel Maurice parlent déjà de la cuite... Joseph aimerait davantage les pommes cuites .. Une tarte ferait surement plaisir à Camille .. Pour contenter tout le monde, une poule ( à plume) rôtie, sera la bienvenue... ENFIN on verra bien.
Le principal c'est l'essentiel ... Et l'essentiel c'est le plus important .. ( C'est la poule rôtie )
23 Décembre : Nous nous déplaçons à BERNWILLER, pour cantonner dans l’École.
25 Décembre : Nous passons la veillée chez la famille MARTIN, adjoint au Maire, qui est très aimable. A MINUIT : Messe chantée. Ce qui n'empêche pas nos canons de tirer sur les boches, à 4 ou 5 kms de là. Distribution de colis à chaque militaire. Ces colis viennent de la Croix Rouge de la 1ére Armée Française, et aussi de quelques familles.
26 Décembre : HEUREUSE NOVELLE POUR MAURICE .. il part à Paris en permission - BONNE DETENTE MAURICE et BON SEJOUR CHEZ TOI .. et surtout n'oublie pas d'aller voir Melle CHRISTIANE qui t'as envoyé une gentille petite lettre..
30 Décembre : HEUREUSES NOUVELLES, pour EMMANUEL ... sa petite YVETTE vient le voir, après mille difficultés - Vous imaginez sa joie !!! CLAUDE retrouve son frère qui est dans les chasseurs JOSEPH retrouves 3 camardes de BEL ABBES -
YA D'LA JOIE .... PARTOUT YA D'LA JOIE ...
Photos privées - A CHAUSSADE - Claudes et son frère - Chasseur Alsacienne à SEPPOIS - Famille Martin , les enfants et le 1/68 RAA
31 Décembre : Nouvelles de ce matin .. Moins CINQ nous nous asphyxions avec les vapeurs d'essence qui viennent du tuyau d'échappement d'un half-track. TOUT le MONDE à mal au crâne ... Joseph surtout est malade et tombe dans les pommes. TOUJOURS à BERNWILLER - Nous recevons un colis de Noix de la part de M.MEUDRE et:
VOILA LA VEILLE DE JOUR DE L'AN. ..
Nous passons une agréable soirée chez m. MARTIN .Madame MARTIN nous prouve ses belles qualités de pâtissière, et les gâteaux qu'elle nous offre sont délicieux. MINUIT est attendu avec impatience ... C'est l'heure où tout le monde s'embrasse en se souhaitant les vœux de bonne et heureuse années. Nous nous quittons à 1 heure du matin, après avoir chanté " L'ALSACE et LA LORRAINE, LES AFRICAINS, et CE N'EST QU'UN AU-REVOIR .. Dehors il neige.
15 Janvier 1945 - Toujours à BERNWILLER. Nous recevons 2 colis de M. GALLAND - Joseph reçoit 2 colis de BEAUNE.( note : sans doute un souvenir du 7/8 Septembre Joseph fut très discret sur ces sorties) Quelques arrivées boche sont venues aujourd'hui changer l'atmosphère , les allemands tirent prés du patelin; sans tarder nos canons répliquent, 30 minutes après tout était tranquille à nouveau.
note ; les arrivées, sont les abus envoyés dans le secteur par les allemands
17 Janvier 1945 : Notre Half-track est avertie qu'elle partira en LIAISON demain matin. Manuel, Maurice, Camille, Benali et FLAMAND sont désignés pour y aller. Joseph et Abed reste au P.C.
18 Janvier : Départ pour BITCHWILLER de notre Half-track. Le terrain et dangeureux et glissant. L'Aspirant AYMARD commande cette Liaison.
19 Janvier : Le P.C. qitte BERWILLER à 6 heures du matin et se rend à BOURBACH-le-BAS avec les 1 er et 2 éme Bies - Le Groupe est venu appuyer une attaque dans la région Nord du Vieux THANN.
20 Janvier : Attaque à partir de 7 h 30 mn ; durant toute la nuit l'Infanterie, est passée devant nous. Le Groupe a tiré en fin de journée 3 500 coups. L'attaque a bien réussit ; toute le région de Vieux THANN est occupée par les Français.
LUTTERBACH, et 2 autres patelins tombent entre nos mains. A 23 Heures , le Groupe reçoit l'ordre de se tenir prêt pour se déplacer, - Direction inconnue ! Nous démarrons aussitôt et roulons toute la nuit pour d'arrêter quelques heures à ZILLISHEIM. Il pleut et il neige, il fait très froid. Le vent glacial nous gèle les pieds. Ensuite nous allons cantonner à MULHGOUSE - DORNACH, où le P.C. s'installe dans un grand café.
22 JANVIER / L'Half-track qui a rejoint le P.C. hier repart en liaison . Nous sommes toujours à DORNACH.
23 Janvier : Nos canons tirent sur les cites : ANNA et KULMANN, RICHWILLER aux environs de MULHOUSE.
24 Janvier : La Cité AMELIE II est bombardée également. Une contre attaque boche, signalée la veille par un prisonnier, est repoussée par un tir d'arrêt. Plusieurs chars allemands dont des Panthers brûlent.
25 Janvier : Toujours à DORNACH où chacun est bien logé et d'où il garde de bons souvenirs.
28 Janvier : Nous nous déplaçons à BOURTZWILLER. Les boches résistent toujours dans les caves renfermant avec eux des civils et se groupant en nid de résistance . Notre half-track est toujours en liaison dans MULHOUSE.
8 Février : Nous nous déplaçons à BATTENHEIM. Le groupe tire sur NEUEMBURG en Allemagne, 300 coups et incendie le village.
9 Février : L'Alsace est libérée complétement; de STRASBOURG à BÂLE, il ne reste plus un allemand. TOUT est joyeux ....Nous allons partir en repos. Nous regagnons la C.R. à DORNACH où nous cantonnons au même endroit qu'au début.
17 Février : Nous cantonnons à MULHOUSE même, dans une école préd du Pont NESSEL. Belle vie à MULHOUSE où nous sommes au repos. Tout le monde s'y plait. Claude et Emmanuel sont affectés à la cuisine. Plusieurs bleus sont incorporés.
20 Février Joseph nous quitte pour aller suivre un stage à l'Ecole de Cadres de ROUFFACH où il restera jusqu'au 31 Mars.
11 Mars : L'Etar Major se déplace à ROGGENHOUSE.
12 au 19 Mars : Tirs sur casemates ennemies.
22 Mars: Nous nous déplaçons dans la région de SELMESTAT à OHNEHEIM.
23 au 30 Mars : Tirs sur mortiers.
31 Mars : Nous nous déplaçons pour aller à ROSSFELD. L'E.M. organise un bal
10 Avril : BENFELD Fête de la libération de l'Alsace. Nous allons danser. A quelques kilomètre de la, le canon tonne, tonne fort....
11 Avril : Nous partons de ROSSFELD pour cantonner à WEYERSHEIM où nous restons peu de temps avant de passer le RHIN.
18 Avril ; C'est le 18 Avril à MIDI que nous traversons le RHIN sur un pont construit par le génie. C'est aussi le premier jour de cette avance formidable ( qui ne s'arrêtera que le 8 Mai, jour de la signature de l'ARMISTICE ....)
19 Avril : Passage du NECKAR ... nos véhicules roulent sans arrêt ... Partout le ravitaillement s'améliore : beurre, vin, liqueurs, conserves n'y manquent pas. Nous récupérons des postes radios, armes, appareils photos, etc....
21 Avril : Passage du DANUBE .. Pour la première fois depuis 1804 , ( le capitaine MORGAT) les français passent le DANUBE ..
22 Avril SIGMARINGEN est pris ... Le Maréchal PETAIN s'est enfui la veille en direction de la SUISSE... Partout nous libérons des Français , des Russes, des Polonais, et même des Américains.
Les boches se rendent en masse, l'armée allemande est foutue..
14 Avril : ULM est conquise. Les troupes françaises se rencontrent avec les troupes américaines. nous leur laissons la place et nous dirigeons vers l'AUTRICHE.
30 Avril ; Nos automoteurs après un petit tir, entrent dans IMMENSTADT. Nous sommes tout prés de la frontière Aurtrichienne. Nous passons une heureuse semaine à IMMENSTADT .. Le ravitaillement ne manque pas.
8 Mai 1945 - L'ALLEMAGNE CAPITULE ..
FIN DE LA GUERRE : EN FRANCE - EN AFRIQUE DU NORD, PARTOUT . C'est le fête de la victoire
Nous , nous avons moins de chance; durant ces deux jours de fête, nous roulons au soleil, et dans la poussière, à grande allure, vers la Palatinat.
10 Mai au 3 Juillet 1945 : Nous sommes cantonnés à LIGUENFELD ( Rhénanie) . Nous sommes très bien vu par la population.
4 Juillet au 6 Octobre 1945 : Nous cantonnons à MONZEL - (prés de la Frontière Luxembourgeoise )
7 Octobre : Nous partons en France pour occuper la caserne F.F.I. de MAGNAC LAVAL ( Haute Vienne) prés de LIMOGES. Notre camarade Camille est démobilisé le 30 Octobre.
LA DEMOBILISATION est, plus que jamais attendue avec impatience..
HOFFMAN et FERNANDEZ voient enfin, arriver ce beau jour .. et ils nous quittent le 31 Octobre...
Il ne reste plus que JOSEPH et BENALI comme anciens de la 2 éme pièce .. L'Adjudant NOEL attend sa mutation pour BADEN-BADEN..
4 Novembre : Nous nous déplaçons pour cantonner à NIORT ( Deux Sèvres) Jolie petite ville, où l'on s'y amuse bien .. très bien même...trop bien même ( le portefeuille comprend sa douleur)
22 Novembre 1945 : Nous sommes toujours à NIORT ..
GOMEZ, RUIZ, BENYAKOU et SANCHEZ nous quittent le 12 Novembre. CORDES est aussi de la classe, le 16 Novembre. YAHIA, ABDELLALI, MOHAMEDI et MEBARKI, nous laissent aussi au " garde à vous " le 20 Novembre. Quelques vétérans se posent la même question: " A quand notre tour" Ce sont : AGUILERA, HUERTAS, CARRERAS, COHEN,MEDINA et GONZALES, CARCIA doit nous rejoindre ... et CLOIX attend lui aussi fi décembre.
23 Novembre : L'adjudant NOEL est muté à BADEN-BADEN
Et c'est ainsi que s'arrête le journal de la 2 éme pièce, petite équipe UNIE pour toujours...
Je termine par le dernier refrain de notre chanson " les 4 de la 2 "
Allons, MAURICE, JO, MANOU et CAMILLE Bientôt, Bientôt la guerre s'ra terminée Libérés vous rejoindrez vos familles Et vous retrouv'rez la paix, la gaité Et chacun reprendra sa vie d'avant, racontera tous ses meilleurs moments, en buvant le Champagne, se rappelleront les campagnes de TUNISIE, DE FRANCE et D'ALLEMAGNE ..............
Bonne chance à tous, et à la prochaine !!!! je veux dire à la prochaine rencontre!.
Note hors livre de Marche,
Joseph m' a rapporté : qu'en Rhénanie ils ont été bien reçus, couchés dans des lits chez des Allemands, avaient des fruits le soir. Ils parlaient des soldats français de la guerre 14/18 qui étaient de gentils gars.
Pendant cette occupation, lors de patrouille , ils trouvaient dans des dépôts allemands des stocks de meule de gruyère et de beurre, et des millions de boites de sardines du Maroc. Joseph disait que si la guerre avait durée, ils avaient de quoi se nourrir pendant des mois.
Il a été à l’École des sous-officiers de ROUFFACH ou il était arrivé Brigadier, et passé par la suite brigadier chef fut nommé Maréchal des logis au 1 er septembre 1945. Voir en dossier photos, l'état Signalétique et des Services.
Les décorations, médailles et pucelles du 68 éme R.A.A